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Entretien avec Daniel
Coquerel
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le 3 janvier 2008
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Myriad :
Bonjour, M Coquerel, merci d'accepter de répondre à ces
quelques questions. Vous avez remporté le Prix du 18ème
Concours Amical, dont le sujet était d'illustrer un extrait du
film de Mélies "Le voyage dans la lune", avec votre oeuvre
Les aventuriers et nous voudrions d'abord savoir qui vous
êtes.
Myriad : Bonjour, M Coquerel, merci
d'accepter de répondre à ces quelques questions. Vous avez remporté
le Prix du 18ème Concours Amical et nous voudrions d'abord savoir qui vous
êtes.
DC: Avant toute chose je voudrais
remercier plusieurs personnes qui ont contribué à ce résultat.
Mon épouse qui a eu la patience de supporter mes longues heures sur
l’ordinateur et dont les
encouragements m’ont
énormément aidés, ma mère qui m’a inscrit
aux cours de
solfège, monsieur François Poullot tubiste à
l’orchestre d’harmonie de la Garde
Républicaine et un ami très cher sans qui je
n’aurais jamais osé
présenter mon travail.
Je suis né près du Havre, en France, il y a 60 ans et à
l’âge de 22 ans je me suis déplacé
vers
la capitale régionale Rouen
où je suis resté pour des raisons professionnelles, j’y ai enseigné
le dessin industriel durant 30 années, en collège, en lycée,
en Centre de Formation d’Apprentis et en entreprise dans le cadre de la formation
continue.
Myriad : Sur quel matériel
travaillez vous ?
DC: Mon ordinateur est un objet
très précieux dont je vais avoir du mal à me séparer car devenu trop
lent cet iMac G3 de 1999 m’aura rendu les plus grands services. Il sera
remplacé en janvier toujours par un Mac. J’y ai connecté un casque,
mon ampli de chaîne stéréo et ses
enceintes Bose. En
résumé, du matériel que chacun possède chez
lui sans avoir à
faire d’investissements spécifiques.
Myriad : Quel est votre cursus musical
?
DC: J’ai rencontré le monde
mystérieux de la musique très tard, j’avais plus de 16 ans et à cette
époque il fallait avoir fait au moins un an de solfège pour être
autorisé à étudier un
instrument.
Donc, après cette
première année, je me suis orienté vers la
clarinette, ce fût un
désastre, mon “architecture dentaire”
était incompatible
avec la pratique d’un instrument à bec. Une pause de
16
mois pour service militaire et
je reviens au point de départ. C’est lors que j’ai commencé les
percussions à l’orchestre d’harmonie du
Havre.
Puis le grand virage est arrivé, le conservatoire de la
ville avait recruté
un professeur de tuba, Monsieur Poullot, et là,
j’ai fais le choix
de cet instrument ; après quelques mois, j’ai acquis
un instrument que
j’ai revendu rapidement pour acheter un contre-tuba. A
mon arrivée à Rouen,
je me suis dirigé vers l’orchestre d’harmonie
de
la ville et la suite logique des
activités musicales dans la région, orchestres symphoniques, quintet de cuivre,
jazz, fanfare, toutes les occasions de pratiquer le tuba étaient
bonnes à prendre. Puis, pour des raisons d’emploi du temps,
j’ai cessé toutes activités instrumentales pendant plus de 25 ans.
Ensuite, j’ai découvert Mélody Assistant et j’ai commencé
l’écriture sans ne rien y connaître, je
me
suis donc intéressé de
près au traité d’harmonie de
Rimski-Korsakoff et
j’ai travaillé parfois 16 heures par jour sur 4 ou 8
mesures afin d’obtenir une progression
satisfaisante et aujourd’hui je sais que le
travail qui m’attend est
encore énorme, j’ai encore beaucoup de choses
à
apprendre.
Myriad : Jouez-vous d'un instrument de
musique (ou de plusieurs) ?
DC: Depuis que j’ai cessé la
pratique du tuba je ne travaille plus d’instrument.
Myriad : Quels sont vos goûts
musicaux ? Vous pouvez citer des artistes ou des genres musicaux si vous le
désirez.
DC: Mes goûts musicaux sont assez
restreints, ils se limitent à la musique ; cette réponse impose quelques
explications : j’ai exclus rapidement tout ce qui était
variété française principalement à cause
de la faible qualité des
textes chantés, je zap promptement à
l’écoute de
certaines “cultures parallèles” comme le rap ou le
hip hop. A part cela, il
reste beaucoup de choses : les musiques de film, les
musiques qualifiées
de classique, le jazz, le raï qui pour moi se rapproche du
jazz et certaines
musiques originales de spots publicitaires.
Myriad : Plus précisément, en
ce moment, quelle musique écoutez-vous ?
DC: Mes musiques écoutées ces
derniers temps sont principalement orientées percussions, des plus
classiques aux plus récentes comme par exemple Les Tambours du Bronx.
J’écoute assez souvent Britten, Berlioz
Stravinsky, Wagner et le ballet
de Sidney Bechet la nuit est une sorcière (encore une vieille
résine car ce ballet n’a pas été
réédité).
Myriad : Quelles musiques
n'écoutez-vous plus du tout ?
DC: J’écoute rarement des
musiques antérieures à Mozart car je pense
qu’il est à
l’origine de la première réforme de
l’écriture orchestrale, comme Berlioz
l’instigateur de la seconde.
Les musiques que je n’ai
jamais sérieusement écoutées sont : les
opéras italiens , je ne
suis jamais parvenu à entrer dans l’univers de
Verdi. Je fuis également
les réalisations contemporaines ou
d’avant-garde car
elles n’entrent généralement pas dans mes
connaissances nécessaires à leur analyse donc
à leur compréhension.
Myriad : Si l'on vous demandait de
choisir une musique qui serait placée dans une capsule à destination des
habitants d'Alpha du Centaure, quel serait votre choix ?
DC: La réponse est difficile, elle
est directement liée au précédent
concours, et il est
indélicat d’imposer à d’autres ses goûts
musicaux néanmoins
je choisirais la bande originale de Mars attack pour
l’humour dégagé
par le film face à une telle rencontre.
Myriad : Si vous deviez être
coupé du monde pendant un an, quels sont les deux albums que vous emporteriez avec
vous ?
DC: C’est une question difficile
car je possède principalement des résines (environs 850) dont je ne
souhaite pas me séparer. Pour un confort d’écoute personnel, je
préfère l’analogique au numérique, je
trouve l’écoute moins
métallique et l’ambiance plus chaleureuse sur un
vinyle mais ce n’est
qu’un goût personnel et il faut reconnaître
que le laser à
d’autres avantages. Le choix du premier album est
simple, le Requiem
Allemand de Brahms, pour le second, l’affaire est plus
difficile entre Berlioz,Wagner,
Stravinsky,Britten, Orff et Ellington.
Je pense que mon choix
s’orienterait vers le vaisseau fantôme de
Wagner.
Myriad : En ce qui concerne l'oeuvre
qui a remporté le concours, quelle a été votre source d'inspiration
?
DC: Le début du vingtième
siècle et Stravinsky, c’est l’époque
des grandes
découvertes et inventions qui ont bouleversé la vie dans
le monde occidental.
Cette époque m’inspire énormément et
personnellement j’aurais aimé la vivre, j’y
ai consacré une autre écriture sur les
travaux des champs, oui je pense
que cette époque est pleines de ressources, mais ce n’est qu’un
avis personnel. Pour Stravinsky, contemporain de Méliès,
c’est un peu la même idée d’époque qui
a orientée mon
choix, je me suis donc attaché à rapprocher ces
deux grands personnages
l’un dans son art confirmé et l’autre dans son
art naissant.
Myriad : Quel a été votre
cheminement de composition ? (les détails techniques intéresseront les
lecteurs)
DC: Au départ, j’ai
volontairement exclus le piano et l’orgue de
cinéma pour éviter de
reproduire ce qui se faisait à l’époque du
cinéma muet. Une partie de
la réponse est en première page des Aventuriers car je trouve indispensable de
lier un texte à l’écriture musicale, l’auditeur n’est pas
un magicien et ne peut en aucun cas deviner mes pensées lors d’une
écriture. Le plus délicat pour moi était de donner une réponse au
sujet, c’est quoi une musique de film
?
Partant de cette question, je me suis dirigé vers des
réponses plus ou moins satisfaisantes et petit à petit
je me suis orienté vers une idée globale des 3 scènes proposées,
l’embarquement, le lancement et l’alunissage.
Ensuite, j’ai remarqué que l’action était
soutenue par les palabres
muettes des différents acteurs. Il restait le plus
complexe, choisir les
détails à transcrire musicalement pour
soutenir l’action en
cherchant un équilibre entre le trop et le pas
assez, ne pas écraser la
séquence mais la soutenir en utilisant une palette sonore destinée à
accentuer l’émotion de manière à
maintenir le spectateur
en attente de la scène suivante. Il ne me fallait pas
non plus utiliser tous les
détails car dans ce cas je pouvais me retrouver à sonoriser l’extrait
de film et ce n’était plus le sujet à
traiter, par exemple je
n’ai pas matérialisé les clairons car pour
moi ils étaient un
élément sonore visuel évident.
Enfin, je me suis dirigé sur le travail des sons, par instrument ou
par pupitres. C’est ainsi
que pour les cordes j’ai
adopté pour un système composé d’un mixage
de cordes et
d’instruments solistes ; par exemple, pour le pupitre
de violoncelles
j’ai placé des instruments isolés entre des
cordes reconstituées, ensuite il reste à
fusionner les portées en ayant placé au préalable les instruments dans
l’espace.
Myriad : Avez-vous une anecdote à
narrer ? Pas nécessairement reliée à
votre oeuvre mais en rapport
avec la musique.
DC: La seule politiquement correcte et
racontable se situe à l’époque où je jouais à l’orchestre
d’harmonie de Havre au début des années
70.
Lors d’un défilé
dans les rues d’une petite ville près de Rouen,
les deux derniers rangs
de musiciens dont je faisait parti se sont arrêté
totalement au panneau de stop
d’une intersection. Quand le chef de
musique (dans un état de
colère indescriptible) s’en est aperçu il y
avait déjà bien une
soixantaine de mètres qui nous séparait du reste
du “troupeau”. Il
nous a donc fallu accélérer le rythme pour
rejoindre la formation
dans une cacophonie épouvantable. Ce qui a amusé un
grand
nombre de spectateurs ainsi que
nous, les deux derniers rangs.
Myriad : Quelles sont vos objectifs ou
vos projets dans le domaine de la musique ?
DC: En premier continuer mes
apprentissages car en musique rien n’est acquis définitivement. Donc
parallèlement à l’étude je souhaiterai
pouvoir mettre en musique des
films documentaires ou des spots publicitaires mais toujours orienté
vers la musique de scène. En ce moment je travaille sur une pièce
écrite il y a quelques temps ayant pour thème Halloween. Par la suite je
prendrai comme sujet les Vikings, les cultures de l’Europe du
nord m’intéressent beaucoup car elles renferment une par de
mystère qui me fascine. Cette idée m’est
venue en écoutant les
oeuvres de Sibelius et de Wagner, il ont tous deux un univers musical qui correspond
à mes affinités. Je vais
également prendre des
contacts pour mieux connaître les musiques du
continent
asiatique.
Myriad : Avez-vous un site Web
personnel ?
DC: Non car je ne voulais pas me
disperser, je suis même resté sous Mac OS
9 pour ne pas oublier
l’objectif principal, la musique.
Myriad : Avez-vous un message ou
conseil à transmettre aux lecteurs de cette rubrique ?
DC: Donner des conseils, c’est
très présomptueux, je sais que cela est
à la mode et beaucoup le
font, mais je préfère de loin un échange de
connaissances entre personnes
partageant ou pas les mêmes passions plutôt que des conseils qui imposent
l’avis rigoureux d’un individu qui croit dominer la société et
qui en fin de compte ne réussi que rarement à surnager.
Le seul souhait que je m’autorise à exprimer est
que le plus grand nombre
possible de passionnés fassent l’acquisition
d’Harmony Assistant, ce
logiciel à l’avantage de fonctionner sur tous
les ordinateurs (même les
plus anciens) et son prix très abordable permet à chacun de s’exprimer
dans le vaste domaine de la musique, peut importe le style choisi, c’est un
moyen de mettre en évidence ce que chacun ressent dans des situations ou
des moments précis et cela ne peut que se partager.
En plus Myriad à eu l’idée géniale de
créer les concours,
c’est très agréable lorsque l’on est
classé, mais surtout
ils offrent le double avantage de la motivation et de
l’auto-évaluation ce qui en définitive ne
peut que nous encourager et nous faire progresser. Une autre suggestion,
pouvoir se placer dans l’orchestre lors d’une
répétition, ainsi on peut voir ce superbe
instrument de
l’intérieur et ressentir ses émotions. En se
plaçant successivement à différents
endroits, on s’aperçoit rapidement que les
vibrations ne sont pas les
mêmes et qu’un certain équilibre est
nécessaire pour un bon
résultat de l’ensemble.
Myriad : Quelles autres questions
auriez-vous aimé que l'on vous pose ? Quelles auraient alors été vos
réponses ?
DC: Ce n’est par une question
mais plutôt un souhait.
La musique est un univers mixte
et étrangement aucune compositrice ne s’inscrit aux concours, je vous invite
donc Mesdames à nous rejoindre et à nous faire partager vos
oeuvres.
Myriad : Merci d'avoir répondu
à ces quelques questions.
DC: C’est à moi de remercier
Myriad ainsi que le jury et tous les musiciens sans lesquels les concours ne
pourraient pas se dérouler. Je voudrai également en cette fin
d’année présenter mes voeux à toutes et
à tous.
Bonne composition à
tous.
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