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Entretien avec

Franck Robert

le 7 février 2004



Myriad : Bonjour, M Robert, merci d'accepter de répondre à ces quelques questions. Vous avez remporté le Premier Prix du 9ème Concours Amical de Musique avec votre oeuvre "Catalyst" et nous voudrions d'abord savoir qui vous êtes.
Pouvez-vous vous présenter ?



J'ai 31 ans. Je suis né à Paris et je vis maintenant dans le Sud-Ouest
de la France vers Albi. Je travaille à l'Education Nationale comme Conseiller Principal d'Education.


Myriad: Sur quel matériel travaillez vous ?

Un G3 blanc-bleu à 300 Mhz avec deux disques durs de 6 Go et 60 Go, et une mémoire vive boostée à 700 Mo. Je travaille sous MacOS X 10.3, très stable. J'ai également un clavier Midi Roland relié à une prise USB par une interface Midiman.

Myriad: Quel est votre cursus musical ?

J'ai commencé le piano à 8 ans. J'ai suivi la formation du Conservatoire National de Musique de Paris de la sixième à la troisième. Puis j'ai bifurqué vers le jazz principalement pour la liberté d'expression qu'il procure et le relation qu'il crée entre les gens. Depuis, j'ai navigué de petites formations en expériences professionnelles sans souhaiter réellement faire de la musique mon métier.

Myriad: Jouez-vous d'un instrument de musique (ou de plusieurs) ?

Je joue donc du piano depuis plus de vingt ans maintenant, et je débute l'apprentissage de la clarinette.

Myriad: Quels sont vos goûts musicaux ? Vous pouvez citer des artistes ou des genres musicaux si vous le désirez.

J'apprécie particulièrement les artistes qui prennent soin de leurs textes et de leurs lignes mélodiques. Jean-Jacques Goldman et Michel Berger sont parmi mes chanteurs préférés. Mais j'aime également quelques groupes qui produisent un son personnel comme Ben Folds Five, Alpha Jet et Supergrass. Enfin, j'écoute régulièrement du jazz, avec Harry Connick Jr, Lisa Ekdahl et, dernièrement, Peter Cincotti.

Je délaisse systématiquement tout ce qui est basé exclusivement sur de la rythmique au détriment de la mélodie. C'est à mes yeux, le signe d'une sécheresse émotionnelle dans la musique.


Myriad: Plus précisément, en ce moment, quelle musique écoutez-vous ?

Barenaked Ladies, Bénabar et Maroon 5 ont mes faveurs actuellement.


Myriad: Quelles musiques n'écoutez-vous plus du tout ?

J'ai cessé d'écouter toute la pop des années 80. Bananarama, Bangles et tous ces chanteurs qui m'ont accompagné durant ma jeunesse. Ce style est révolu, aussi bien sur le plan musical que du point de vue marketing visiblement...


Myriad: Si l'on vous demandait de choisir une musique qui serait placée dans une capsule à destination des habitants d'Alpha du Centaure, quel serait votre choix  ?

Question difficile... Je pense que je choisirais l'Adagio d'Albinoni qui représente à la fois la capacité émotionnelle des être humains et traduit l'histoire de la Musique dans l'Humanité.


Myriad: Si vous deviez être coupé du monde pendant un an, quels sont les deux albums que vous emporteriez avec vous ?

"Rouge" de Jean-Jacques Goldman pour la force des idées et "Life on other planets" de Supergrass pour la joie permanente de leur musique.


Myriad: En ce qui concerne l'oeuvre qui a remporté le concours, quelle a été votre source d'inspiration ?

Je cherche avant tout les limites du logiciel et à obtenir un son plein de sens. J'essaie également de transmettre l'énergie de la création dans le morceau. J'aime sentir la "passion" du compositeur quand j'écoute une chanson.

Pour "The catalyst", je voulais donner l'impression que les interprètes étaient portés par leur auditoire dans une sorte de communion implicite comme on pouvait le voir dans les concerts de Greatful Dead.

Myriad : Quel a été votre cheminement de composition ? (les détails techniques intéresseront les lecteurs)


En fouinant sur le site parmi les compositions, j'ai accroché sur un morceau d'Esmeralda Weatherwax ("Mad Bitch Blues") et plus particulièrement un enchaînement d'accords que je trouvais très inspirés.

En partant de cet ensemble, j'ai recherché le meilleur son pour développer le morceau. Ensuite, j'aime laisser la magie opérer, la musique développer sa dynamique. Les accords en appellent très souvent d'autres et ainsi de suite jusqu'à la phrase mélodique complète. L'essentiel pour moi est de rester très à l'écoute de l'émotion et d'éviter toute interférence du technique lors de la phase pure d'écriture.

Je passe à l'accompagnement quand "j'entends" les harmonies qui devraient entourer le thème. Pour "The catalyst", la batterie a été déterminante. J'ai toujours eu beaucoup de difficultés à développer une partition rythmique complexe, de crainte certainement de dénaturer la mélodie. Pour ce morceau, la force rythmique a semblé s'imposer naturellement. Puis ce sont les textures des instruments qui induisent la composition de l'environnement harmonique.

Enfin, le soliste a fait l'objet d'un traitement digital  attentif pour, à la fois, recevoir du caractère et s'intégrer parfaitement dans l'ambiance.

Myriad: Avez vous une anectode à narrer ? Pas nécessairement reliée à votre oeuvre mais en rapport avec la musique.

Il y a huit ans, une compagnie de théâtre m'a proposé la composition de chansons pour une comédie musicale pour enfants. En collaboration avec un auteur que je connaissais, nous avons donc produit une trentaine de pièces sur cinq ans à travers les trois volets de l'oeuvre. Toutes les partitions ont été écrites sur Melody Assistant. Le dernier épisode de la trilogie finit sa tournée nationale cette année.

Durant la première année, j'ai eu à faire face à une difficulté majeure : les interprètes ne lisaient pas du tout les partitions. Comment leur faire apprendre les mélodies à distance ? Après un an de bidouillages multiples, ce sont encore les petits génies de Myriad qui m'ont fourni la solution : Virtual Singer. A partir de cet instant, j'ai pu simuler une voix sur les mélodies et le problème a été réglé.

Myriad : Quelles sont vos objectifs ou vos projets dans le domaine de la musique ?

Je ne tente pas de gagner de l'argent avec la musique. J'ai bien trop peur d'être forcé de composer pour manger, donc de trahir le processus de création. Je passe par des périodes de créativité et de repos. Je ne pense pas que l'on puisse composer de façon linéaire dans le temps. Il faut accepter les instants de silence.

Néanmoins, j'ai quelques chansons dans mes cartons qui, la chance et les rencontres aidant, pourraient voir le jour sur un disque. Un jour peut-être...

Myriad : Avez-vous un site Web personnel ?

Non. Pas le temps, pas la patience, pas la persévérance. Puis, il y a Myriad, ça me suffit largement.

Myriad : Avez-vous un message ou conseil à transmettre aux lecteurs de cette rubrique ?

Sous des dehors simples et accessibles, Melody Assistant est un logiciel très performant. Je trouve toujours que nous ne le poussons jamais assez dans ses retranchements. L'interface basée sur la partition semble freiner le génie créatif.

Mon conseil : laisser de côté la technicité du logiciel pendant la création, faire confiance à sa voix intérieure, à ses émotions. Puis, durant la phase finale de production, chercher dans tous les recoins
les possibilités nombreuses de traitement du son pour obtenir un morceau fidèle à ses attentes.

Myriad : Quelles autres questions auriez-vous aimé que l'on vous pose ? Quelles auraient alors été vos réponses ?


Je voudrais profiter de l'occasion pour rendre hommage à tous ceux qui font de Myriad une expérience unique, à la fois par la très grande qualité des logiciels, par les tarifs qui favorisent l'accès à la création et par la réactivité essentielle des développeurs. Dans une marché informatique où le maître mot est rentabilité et parts de marché, l'existence de cette entreprise et son succès démontrent qu'on peut produire des outils performants et adaptés sans réclamer la ruine des utilisateurs en contrepartie.


Myriad : Merci d'avoir répondu à ces quelques questions.


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